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Critique de Beetlejuice Beetlejuice, une suite morte-vivante

© Warner Bros.

Il y a, dès le départ, un air de désenchantement à Beetlejuice Beetlejuice. Depuis la sortie du premier volet, 38 ans se sont passés, et le temps a fait ses affres, y compris pour ses personnages. Lydia Deetz, l’attachante adolescente douée de dons de spiritisme, est désormais une adulte dépressive, galvaudant ses talents pour une émission de télévision populaire, dans un grand simulacre artificiel et somme toute gênant. Impossible de ne pas voir dans ce virage une forme d’autoportrait pour Tim Burton


Autrefois considéré comme un des artistes les plus singuliers d’Hollywood, le réalisateur d’Edward aux mains d’argent est au fil des années devenu…le réalisateur de Dark Shadows et Alice au pays des merveilles, reproduisant de film en film ses motifs favoris comme autant de produits dérivés de la marque Burton, jusqu’à flirter avec l’auto-parodie. Et malgré d’étonnants retours positifs du festival de Venise, Beetlejuice Beetlejuice ne rompt pas la malédiction qui semble s’être emparée de son cinéma. L’intrigue est sensiblement similaire à celle du premier, si ce n’est que le couple joué par Geena Davis et Alec Baldwin ne fait plus partie des meubles. En matière de relation filiale, on a désormais droit aux rapports conflictuels entre Lydia et sa fille adolescente, Astrid, qui vont finir par se rabibocher au cours de leur aventure dans le monde des morts. L’évolution de leurs personnages est cousue de fils blancs, aussi laborieuse que dépourvue de sincérité, et gâche le peu d’énergie qui se dégage du projet. 


Il y a pourtant du désir dans les entrailles de Beetlejuice Beetlejuice. Mené par l’envie ostensible de “revenir aux sources” de Burton, le film donne l’occasion au cinéaste de ressortir ses techniques favorites : séquences en animation, marionnettes et stop-motion. Sage décision sans doute - le serpent des sables aurait perdu de sa superbe s’il avait été reconstitué grâce à des effets spéciaux numériques. Mais ces outils permettent surtout à Burton de ressusciter ce qui a déjà été, plutôt d’inventer. Et même lorsqu’il s’écarte du premier film, c’est pour continuer à s'auto citer, comme avec cette amusante séquence où Monica Bellucci recompose elle-même son propre corps démembré…comme a pu le faire Sally dans L’étrange Noël de Mr Jack

© Warner Bros.

Ce serait cracher dans la soupe d’affirmer que ce retour dans le passé est dépourvu de plaisirs. À l’image de tout le reste, la performance de Michael Keaton est dans l’autoréférence, mais l’amusement provoqué par les gesticulations perverses et extravagantes du personnage est curieusement intact. Du haut de ses 73 ans, aidé par de multiples couches de maquillage, l’acteur américain débarque dans le film comme si le tournage du premier volet s’était terminé la semaine d’avant. 


Hélas, ce n’est pas le cas : Beetlejuice Beetlejuice est bel et bien une production de 2024, similaire en plusieurs points à la série Mercredi. Au-delà de la présence de Jenna Ortega, qui s’en sort honorablement, c’est au niveau visuel qu’un parallèle malheureux se crée. Lisse, éclairé sans nuances et étalonné à la grosse louche, le film ressemble à s’y méprendre à une production Netflix. Plusieurs scènes donnent ainsi l’impression de visiter une boutique de déguisement d’Halloween, décorée à l’occasion de la sortie de Beetlejuice Beetlejuice. Difficile dans ces conditions de célébrer un quelconque retour en force de Burton.


Réalisé par : Tim Burton

Avec : Michael Keaton, Winona Ryder, Jenna Ortega, Justin Theroux, Catherine O’Hara

Pays : États-Unis

Durée : 105 minutes




 

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