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Critique de MaXXXine : un slasher gore, cynique et vain

Dernière mise à jour : 31 juil.

« A B-movie with A-ideas ». En d'autres termes, un film de série B aux ambitions de série A. Derrière cette réplique, on retrouve peu ou prou le programme du slasher MaXXXine : du gore, du camp, du sexe, oui mais avec des intentions, un besoin de dire quelque chose. Sur quoi ? Sur Hollywood, le puritanisme, l'Amérique, la quête effrénée de célébrité — sujets déjà présents dans les deux premiers volets de la trilogie de Ti West, X et Pearl, et qui sont étalés ici sous une forme bien peu satisfaisante. 


On y retrouve Maxine Minx (Mia Goth), seule survivante de X, toujours habitée d'un insatiable désir de célébrité  : désormais star du porno, elle entend « par tous les moyens » devenir une célébrité absolue, son nom en haut de l'affiche. Mais son improbable ascension dans le Los Angeles des années 80 est troublée par une vague de meurtres autour d'elle, vraisemblablement commis par un serial killer tout de cuir vêtu. Serait-ce un cousin hétéro du tueur BDSM de Cruising qui la menace? Ou celui de L'Oiseau au plumage de cristal ? Qu'importe, le film nous forçant à gober ses références cinématographiques plus vite que son héroïne sniffe les lignes de cocaïnes. Il ne s'agit pas seulement d'adresser quelques clins d'œil à Psychose, à Showgirls ou à Body Double, mais d'en absorber l’esthétique et la substance. En vain. 

Ce n'est pas tant que l'abondance de références nuit au récit, mais davantage que celui-ci n'arrive pas à tenir la route. L'intrigue piétine, multiplie les incohérences, s'égare, positionnant tantôt son héroïne comme une terrible et effrayante badass à l'ambition dévorante, tantôt comme un personnage vaguement ballotté par les événements horrifiques qui se produisent autour d'elle. Difficile de vraiment s'inquiéter pour son sort, quand elle-même semble sur une autre planète : au-delà du caractère antipathique de cette final girl, il y a un côté cartoonesque à son personnage, et à l'interprétation de Mia Goth, qui rend impossible tout attachement à elle.


Et à tout autre personnage d'ailleurs. Tout le monde fait son petit numéro, parfois amusant (Bobby Cannavale en flic macho aux aspirations hollywoodiennes), parfois épuisant (Kevin Bacon en détective absolument dépravé) dans une grande foire aux accents satiriques. La subtilité n'est pas le fort de MaXXXinece qui fonctionne parfaitement lors de quelques belles séquences joyeusement gores : si on peut prêter à West une qualité, c'est bien sa capacité à fabriquer des images dégoûtantes

Mais les plaisirs primaires de cette série B deviennent difficiles à apprécier dès lors que le film vient à nous rappeler, dans une scène qui évoque la forme d'un snuff-movie, la réalité de la violence faite aux femmes dans le récit. Difficile, après ce passage éprouvant, de revenir tranquillement au gore et à l'ironie, et les efforts du cinéaste pour faire triompher le second degré par-dessus le malaise n'arrangent rien. Engoncé dans son cynisme et ses provocations gratuites, le film n'a même pas le bon goût de dire quoi que ce soit de nouveau : tout dans son propos a déjà été exprimé ailleurs, avec plus d'intelligence et d'honnêteté.



RÉALISÉ PAR  : TI WEST

AVEC : MIA GOTH, BOBBY CANNAVALE, ELIZABETH DEBICKI, KEVIN BACON

PAYS : ÉTATS-UNIS

DURÉE : 104 MINUTES


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