
Quelle année pour le cinéma d’animation ! Après l’extraordinaire voyage de Flow (couronné du Golden Globe et nommé à l’Oscar du meilleur film d’animation), et la nouvelle aventure de Wallace & Gromit (déjà encensé par la critique), voici le retour d’Adam Elliot, génie de la stop-motion et créateur de mondes étranges et bouleversants.
Comme avec Mary et Max (2008), le réalisateur australien livre le récit de deux vies parallèles. Mais cette fois, cette histoire est celle de jumeaux, Grace et Gilbert, séparés par les aléas de l’existence. Alors que Grace (Sarah Snook) sombre dans la détresse, elle fait la rencontre d’une étrange et excentrique vieille femme nommée Pinky (Jacki Weaver), dont la verve et la soif de vivre sont contagieuses.

À la malchance et la guigne de ses personnages, qu’il prend un malin plaisir à soumettre aux destins les plus misérables, Elliot oppose la résilience et l’énergie de l’espoir. De sorte que Mémoires d’un escargot se vit comme une montagne russe émotionnelle, où rires et larmes s’alternent et se superposent souvent. Un voyage qui vous prend aux tripes et vous retourne l’âme, dans un univers fait d’une stop-motion sale, crasseuse et néanmoins touchante, si finement mise en scène qu’elle sent le vrai et la vie. Le réalisateur nous confiait d’ailleurs en interview que, suite au dérapage d’un membre de l’équipe quelque peu maladroit, un réel morceau de doigt humain s’est retrouvé dans le film. De quoi ajouter un peu de sel, s’il le fallait encore, à ce film que l’on sent porté par des artisans passionnés. Et quand on sait la difficulté – comme pour Flow d’ailleurs – que représente la production d’un tel film dans un monde où marques, franchises et suites dictent la création animée mondiale, on ne peut que vous recommander ce puissant long-métrage qui touche à l’essence même de notre humanité.
Réalisé par Adam Elliot (Australie, 94 minutes) avec Sarah Snook, Kodi Smit-McPhee, Jacki Weaver