Un film coup de poing
Les multiples violences subies par les personnes en situation de migration, juste parce qu’elles traversent des frontières sans avoir les bons papiers en poche, sont un sujet récurrent au cinéma. Le poignant Green Border de la réalisatrice Agnieszka Holland, sorti l’année dernière, visibilise par exemple les difficiles réalités des réfugié·es syrien·nes traversant la forêt qui borde la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
Mais comme le souligne le thriller Upon Entry, même avec les bons documents et en empruntant les chemins officiels, le voyage peut également s’avérer compliqué si les autorités vous considèrent comme « suspects », du simple fait de votre nationalité. C’est ce qui est arrivé plusieurs fois aux réalisateurs vénézuéliens Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez qui se sont inspirés de leurs histoires et de celles de leurs proches pour leur dernier film.
Upon Entry nous plonge sans concession dans les toutes premières heures de l’arrivée aux États-Unis d’un couple, Diego (Alberto Ammann), un urbaniste vénézuélien, et Elena (Bruna Cusí), une danseuse de Barcelone, conduits dans les sous-sols kafkaïens de l’aéroport de Newark pour un interrogatoire plus que poussé. Commence alors un huis clos très prenant, se basant essentiellement sur des dialogues tendus, jusqu’à ce que les agent·es (dont une policière interprétée de manière glaçante par l’actrice Laura Gómez) tentent de s’immiscer entre eux et de les diviser.
Si, au début, c’est l’empathie envers les personnages et leur situation qui prime, l’interrogatoire parvient intelligemment à instiller le doute jusqu’à nous, le public : Diego est-il vraiment sincère ? Aurait-il quelque chose à cacher ? Aussi court que percutant, Upon Entry dénonce pertinemment le racisme et les préjugés. Un film coup de poing, à l’instar de sa fin qui n’a pas encore fini de nous déstabiliser.
RÉALISÉ PAR : ALEJANDRO ROJAS ET JUAN SEBASTIÁN VÁSQUEZ
AVEC : ALBERTO AMMANN, BRUNA CUSÍ, LAURA GÓMEZ
PAYS : ESPAGNE
DURÉE : 77 MINUTES
SORTIE : 14 AOÛT