Une comédie acerbe
Originaire de Nantes, j’ai souvent pris le bus C2 qui passe irrémédiablement devant le 55 Boulevard Schuman, le lieu du crime macabre commis par Xavier Dupont de Ligonnès, qui hante les esprits et n'a de cesse d’inspirer les histoires. Dont celle des Pistolets en plastique.
Sauf qu'ici, nous ne sommes plus à Nantes, mais à Dijon. Et Xavier ne s’appelle pas Xavier, mais Paul Bernardin (Laurent Stocker), tandis que l’individu lambda qui a été confondu il y a quelques années avec Dupont de Ligonnès, et arrêté, est remplacé par un certain Michel Uzès (Gaëtan Peau). Le film se fait alors récit à clef, tirant de ces quelques faits avérés la base d’une fiction chorale. Où l’on suit deux enquêtrices web (Delphine Baril et Charlotte Laemmel). Où l’on accompagne dans les geôles danoises, Michel Uzès, un danseur country incompris. Où l’on se met enfin sur les traces de Paul Bernardin, exilé en Argentine pour échapper à la justice.
Pour mettre en scène la sordide boucherie de Dupont de Ligonnès, le réalisateur Jean-Christophe Meurisse opte pour l'exubérance. Comme l’autre Meurice, il est irrévérencieux. Chez lui, la violence est gore. Le rire gras. Les gags, dignes des ZAZ, martelés à l’extrême pour basculer de la lourdeur à la gênance. Ensuite, il se fait surréaliste, le langage fleuri des interprètes, mi-écrit mi-improvisé, se libérant “du contrôle de la raison”. Comme les images d’ailleurs qui, prenant la forme de dessins ou se couvrant d’une couleur rouge sang à l’aide d’un filtre, s'éloignent du réel.
Des effets de style qui ne sont, pour autant, jamais gratuits. Dans le sillon d’Oranges Sanguines du même réalisateur, Les Pistolets en plastique pose un regard acerbe et cynique sur notre société, sur notre fascination pour les serials killers, sur notre rapport bancal à la vérité. Comme pour nous rappeler que l’on vit dans une société (de) malade.
RÉALISÉ : JEAN-CHRISTOPHE MEURISSE
AVEC : LAURENT STOCKER, GAËTAN PEAU, DELPHINE BARIL
PAYS : FRANCE
DURÉE : 96 MINUTES
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