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Critique : Green Border d'Agnieszka Holland

Dernière mise à jour : 13 févr.

L’enfer vert

© September Film

En 2021, alors que le monde entier était en proie à la panique à cause de la pandémie mondiale de Covid-19, la Pologne traversait une autre crise, migratoire celle-ci, résultat de l’accumulation des tensions avec la Biélorussie. En effet, le régime autoritaire biélorusse, dans une volonté de déstabiliser ses pays voisins, laissa  affluer par voie aérienne un afflux de migrants en leur promettant l’accès tant désiré à l’U.E. C’est hélas le début d’une situation monstrueuse pour les demandeurs d’asile, qui se retrouvent bloqués à la lisière des deux pays, forcés à entrer dans l’U.E par les autorités armées biélorusses et repoussés avec violence par les gardes-frontières polonais. Boisée, hostile et marécageuse, cette frontière verte se mue en territoire de non-droit et d’abjection.


Ce sont ces circonstances terrifiantes et mal connues chez nous que la cinéaste Agnieszka Holland dévoile sans détour dans Green Border. Si la première partie se concentre sur une famille de migrants, la réalisatrice démultiplie rapidement les points de vue et dépasse ainsi le simple catalogue des atrocités dans lequel risquait de sombrer le récit - qui s’étend tout de même sur 2h30. Véritable film-choral qui s’intéresse autant aux doutes des militants qu’aux scrupules d’un jeune garde-frontière, Green Border se montre ambitieux et dresse une peinture exhaustive des luttes qui se sont déroulées cet été 2021, à l’ombre des feuillages et des médias.


Formellement, Agnieszka Holland opte pour une caméra mobile et immersive ainsi qu’un noir et blanc pictural, évoquant Tarkovski, qui transmet avec grâce les portraits de ces gens éprouvés. Rude, dense, âpre, Green Border allie une grande intensité émotionnelle avec un propos d’une rare férocité politique, à l’image de cette épilogue sur l’immigration des Ukraniens, qui pointe du doigt la différence de traitement entre ceux-ci et les migrants du Moyen-Orient. 


RÉALISÉ PAR : AGNIESZKA HOLLAND

AVEC : JALAL ALTAWIL, BEHI DJANATI ATAI, MAJA OSTASZEWSKA

PAYS : POLOGNE, FRANCE, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, BELGIQUE

DURÉE : 147 MINUTES

SORTIE LE 7 FÉVRIER

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