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Photo du rédacteurThibault Scohier

Critique : Le Paradis, de Zeno Graton

Grilles et merveilles

Une chronique sociale douce et glaçante
©O'Brother

Poser ses yeux sur un premier film ressemble à une aventure : va-t-on découvrir quelque chose de neuf ? Une manière de filmer, un instinct, une approche qui sort de l’ordinaire ? Avec son premier long-métrage Le Paradis, Zeno Graton nous fait en tout cas beaucoup de promesses. D’une chronique sociale exemplaire - tant son traitement d’un « centre fermé » pour mineurs répond aux règles du genre -, il arrive à faire un récit toujours à deux doigts d’une subjectivité merveilleuse.


On suit Joe (finement interprété par Khalil Gharbia, récemment vu dans Peter von Kant de François Ozon), à quelques semaines de sa libération. Jeune paumé débordant de soif de vivre, il rencontre un nouveau détenu, William. La passion ne met pas longtemps à naître.


Le cinéaste décrit la vie du centre de détention, entre enfermement et travail obligatoire, mais aussi la drôle de société des jeunes, parfois toute en tension, parfois transie de solidarité. Le réalisme du film n’est pas sa qualité fondamentale, on pourrait même dire que celui-ci lui pèse, empêchant Zeno Graton de plonger entièrement dans la subjectivité de ses personnages. Non, c’est sa construction narrative, faite de scènes-vagues qui se succèdent, comme autant de petits climax émotionnels souvent positifs (le cours de photo, le feu d’artifice, le slam, la pluie, la tendresse) et quelques fois glaçants (en particulier la scène avec la juge de la jeunesse). C’est véritablement dans la composition de ces scènes, leur rythme et leurs musiques, que le cinéaste excelle. On espère le redécouvrir dans des projets plus libérés, car il est difficile de douter qu’il a déjà toutes les armes pour faire basculer son public dans des émotions fortes.



RÉALISÉ PAR : ZENO GRATON

AVEC : KHALIL GHARBIA, JULIEN DE SAINT-JEAN, EYE HAïDARA

PAYS : BELGIQUE, FRANCE

DURÉE : 88 MINUTES

SORTIE : LE 17 MAI


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