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Critique : Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki

La drôlerie de l’amour et du désespoir

© September Film

Cette année, la comédie romantique la plus atypique et réconfortante distribuée en salles vient de l’un des maîtres du cinéma finlandais. Avec Les Feuilles mortes, Aki Kaurismäki (L’Homme sans passé, Le Havre) continue d’explorer l’écrasement du prolétariat en mettant son humour caustique et sa mélancolie au service d’une histoire d’amour dressée comme un rempart contre le désespoir.


Ansa (Alma Pöysti), une employée de supermarché précaire et mutique, et Holappa (Jussi Vatanen), un ouvrier en proie à l’alcoolisme, se rencontrent un soir dans un karaoké d’Helsinki. Ces deux êtres solitaires vont alors se perdre et se retrouver au gré des tours que la vie peut jouer. À la radio, l’actualité de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, frontalière de la Finlande, ajoute de l’inquiétude à un climat social qui favorise les abus. Pourtant, de la détresse, Aki Kaurismäki tire une douceur qui n’a d’égal que l’envie d’aimer de ses personnages cabossés. Sans afféteries mais avec un travail méticuleux sur la durée des plans, le placement dans le cadre et la direction de ses interprètes émouvants, le réalisateur capte des instants et des gestes de grâce de ce couple en devenir qui produisent un nouveau langage sentimental.


Bulle de tendresse inespérée, Les Feuilles mortes, lauréat du Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, célèbre aussi le cinéma comme un lieu de rendez-vous, pudiques ou manqués. De clins d’œil cinéphiles, via des affiches en arrière-plan, en déclaration cocasse d’admiration à Jim Jarmusch, le septième art réunit ici les cœurs à la dérive sous l’égide du plus mignon des Chaplin.


RÉALISÉ PAR : AKI KAURISMÄKI

AVEC : ALMA PÖYSTI, JUSSI VATANEN, JANNE HYYTIÄINEN ET NUPPU KOIVU

PAYS : FINLANDE

DURÉE : 81 MINUTES

SORTIE : LE 1er NOVEMBRE

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