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L'équipe de Surimpressions

Dossier : Ces films géniaux que vous ne connaissez pas

Dernière mise à jour : 14 nov. 2023


© HanWay Films

Méconnus, mal distribués, longtemps perdus. En sept films que vous n’avez sans doute jamais vu, l’équipe de Surimpressions vous dévoile ses coups de cœur hors-normes.


Dig! d’Ondi Timoner

- Par Simon Lionnet -


We used to be friends. De 1995 à 2002, la réalisatrice Ondi Timoner a suivi le parcours de deux groupes de rock américains: les Brian Jonestown Massacre et les Dandy Warhols. Le premier mené par Anton Newcombe, figure de l’artiste torturé, mi-toxicomane mi-génie de la musique, aussi intense dans la productivité que dans ses excès. Le second par Courtney Taylor-Taylor (également narrateur du film), rebelle de posture, talentueux mais attiré par les projecteurs. À partir de la rivalité entre les deux, Dig! dévoile avec une générosité hors-du-commun les coulisses de la progression de ces deux groupes : des sessions d’enregistrements aux négociations de contrat avec les maisons de disques en passant par les bagarres en plein live et les kilomètres de cocaïne sniffée entre deux. Plus que le témoignage d’un duel comme le rock a su en compter depuis sa naissance (Les Beatles contre les Rolling Stones, Blur contre Oasis), Timoner réalise le portrait de la relation aussi admirative que toxique entre deux leaders en désaccord sur l’importance de la créativité et de l’indépendance face à la célébrité et les labels. La quintessence (sans complaisance) de l’esprit “Sexe, drogue et rock’n’roll” dans un documentaire rare autant en termes de qualité que de disponibilité. Trouver une copie s’avère difficile mais la chasse au trésor en vaut la chandelle.


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La vie moderne de Raymond Depardon

- Par Raissa Alingabo-Yowali M'bilo -


J’ai découvert La vie moderne (2008) récemment, dans un contexte d’actualités violentes.

Ça tranchait tellement avec les nouvelles d’émeutes et de villes qui flambent que ça m’a touchée. La solitude, l’isolement, le travail acharné qui ne paye pas jusqu’à ce que la mort survienne, inévitablement. Raymond Depardon filme, sans effets - de manière brute - mais avec énormément de sens esthétique et de sensibilité, la rudesse d’une vie paysanne complètement laissée pour compte. La dualité entre urbanités explosives et surpeuplées et ruralités vieillissantes et désertées m’a frappée. On a tendance à mettre ces deux mondes et leurs précarités multiples en concurrence, surtout en temps de crise, alors que dans les deux cas, il s’agit d’abandon et de voix qu’on ignore.


À découvrir en VOD sur La Cinetek.


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Peppermint Candy de Lee Chang-Dong

- Par Julien Del Percio -


Une après-midi ensoleillée de printemps, en Corée du Sud. Plusieurs amis organisent un pique-nique pour fêter leur retrouvaille. Parmi eux, Yongho, un quarantenaire instable, hagard, qui finit par se jeter sous les roues d’un train, en contrebas. Noir. À partir de ce choc, le cinéaste Lee Chang-Dong va explorer la vie de Yongho à rebours, dans une narration anti-chronologique déployée sur vingt ans qui décuple l’impact de l'inéluctable tragédie. Scène après scène, le film va remonter jusqu’à l’origine du mal-être du héros, tout en dressant en parallèle le portrait de la Corée des années 80-90, avec ses soubresauts économiques et ses répressions politiques. Peppermint Candy ne sombre ni dans le pathos ni dans la facilité car Yongho se montre trop souvent médiocre et antipathique. Pourtant, lorsque le récit atteint finalement sa destination, avec son héros de vingt ans les yeux rivés vers un avenir que l’on connaît déjà, une émotion titanesque nous submerge : celle d’une destinée gâchée d’avance. Rarement le cinéma aurait capté avec autant de justesse ce qu’est une vie. Un film bouleversant.


À découvrir en VOD.


© Shindo Films

Un nouveau départ d’Elaine May

- Par Adrien Corbeel -

Échec commercial à sa sortie en 1971, devenu semi-culte depuis, le premier long-métrage de l’actrice et réalisatrice Elaine May nous offre une savante rencontre entre la comédie noire dans ce qu’elle peut avoir de plus cynique, et le slapstick dans toute son absurdité. Le croisement entre les deux registres humoristiques se joue dans son couple improbable : d’un côté, Henry, playboy suffisant ayant dilapidé sa fortune et refusant d’abandonner son train de vie luxueux, de l’autre, Henrietta, riche héritière passionnée de botanique, d’une maladresse et d’une naïveté prodigieuse, qu’il a décidé d'épouser…et d'assassiner. Tout l’inverse d’un coup de foudre, mais la curieuse alchimie entre Walter Matthau, délicieusement hautain, et Elaine May, attachante et potache, fait des merveilles, entre tentatives de meurtre et gags burlesques. Le sujet, sacrément macabre, pourrait faire grincer les dents, mais l’hilarité n’a de cesse de l’emporter. Une sacré dose d’arsenic qui se boit comme du petit lait.


À découvrir en VOD.


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Les Conquérantes de Petra Biondina Volpe

- Par Camille Wernaers -


Réalisé par Petra Biondina Volpe en 2017, Les Conquérantes est un petit bijou du cinéma suisse. Plutôt classique par sa forme, c’est son sujet qui le rend immanquable, en nous faisant suivre le parcours d’émancipation de plusieurs femmes dans un petit village suisse. En 1971, la vague de libération entamée par les féministes de la seconde vague n’y a toujours pas déboulé : d’ailleurs, les Suissesses n’ont même pas encore accès au droit de vote ! À cette époque, le pays est en retard par rapport au reste de l’Europe à cause du système de référendum : une grande partie de la population estime que les femmes n’ont rien à dire en matière de politique. À l’instar du film Les Suffragettes (2015), la réalisatrice se base sur une réalité historique pour nous plonger dans le quotidien de Nora (Marie Leuenberger), à l’approche d'un nouveau référendum sur le droit de vote des femmes. Le long-métrage rend vivant le slogan « L’intime est politique », toujours d’actualité, et nous fait efficacement passer de l’histoire individuelle à l’Histoire collective. Alors que Nora propage ses idées égalitaires, un désir de changement s'empare du village tout entier, malgré les résistances… Émouvant et jubilatoire.


À découvrir en VOD.


© Zodiac Pictures

Les Magnétiques de Vincent Cardona - par Thibault Scohier -


Complètement passé sous les radars, malgré un prix à la Quinzaine des réalisateurs en 2021, Les Magnétiques aurait pourtant mérité une plus grande attention. Il raconte les affres de la jeunesse française dans la campagne des années 1980, alors que le service militaire existe encore et que les radios libres commencent à pirater les ondes. Ode à la création sonore, qui préfigure tout un pan de la musique électro et du mashup, c’est surtout un film punk, ballet de personnages qui s’autodétruisent ou se construisent en se consumant. On a du mal à croire que cette étoile filante est un premier film ; en particulier pour sa scène centrale, dans une radio anglophone à Berlin, où tout à coup le long-métrage touche au psychédélisme sublime. Les Magnétiques n’est pas sorti en salle en Belgique, comme trop de « petits » films français ambitieux mais sans puissance de distribution.


À découvrir en VOD sur Sooner.


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How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell

- Par Quentin Moyon -


Présenté à Cannes en 2017, tout dans ce film était fait pour me plaire. L’atmosphère punk des années 70’s, colliers cloutés, guitares saturées et tenues délurées (big up à Nicole Kidman, drapée comme une cheap Vivienne Westwood, en roue libre total dans son rôle de Queen du rock) servie par une bande son, punk et krautrock, aux petits oignons. La rencontre du troisième type, absurde et burlesque, de nos trois jeunes rockeurs en quête d’amour, avec une communauté alien tout de latex fluo vêtue. En somme plus Toutou Youtou que Born to be wild… du moins en apparence, puisqu’ils se révèlent bientôt dévoreurs d'enfants et défenseurs d’une organisation quasi sectaire. Les éléments caractéristiques des récits initiatiques, qui nous rappellent le travail de Gregg Araki. La double lecture engagée, contestataire, anti-bourgeoise et qui vise à remettre en cause l’ordre établi. Même si elle manque parfois de subtilité. Et bien sûr la performance totale de Elle Fanning, en alien en désaccord avec les rites de sa communauté, à la fois drôle, naïve et féroce. Bref, un film à découvrir pour la nostalgie, la fraîcheur, le rire et la liberté qu’il offre.


À découvrir en DVD.

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