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Katia Peignois

La Barbe à Papa : Le road-movie américain ultime

Au sein de la carrière de réalisateur de Peter Bogdanovich, La Barbe à papa représente un idéal de film populaire. Il incarne la rencontre irrésistible de l’hommage du cinéaste à ses modèles (la screwball comedy à la Howard Hawks, le veine sociale de John Ford, les audaces esthétiques d’Orson Welles) et de sa propre modernité en tant qu’auteur.


Adapté en scénario par Alvin Sargent, d’après le roman Addie Pray de Joe David Brown, La Barbe à papa propulse Addie (Tatum O’Neal), une orpheline de neuf ans, sur les routes du Kansas de la Grande Dépression aux côtés de Mose Pray (Ryan O’Neal), un escroc qui pourrait être son père. Par le biais du road movie, le récit dépeint une société où les mirages du rêve américain ne tiennent plus qu’à une série d’arnaques et de petits profits personnels. 

Au travers de longs plans rythmés au gré des joutes verbales du duo, de travellings arrière et de jeux de focales, la confrontation tragi-comique d’un individualiste et d’une enfant devenue adulte trop vite se transforme en la réunion de deux êtres esseulés se découvrant par effet de mimétisme. Au culte de la famille traditionnelle La Barbe à papa préfère un lien marginal, mais tangible de débrouillardise. Les contrastes de la photographie de László Kovács et l’alternance entre des plans très larges et des surcadrages sophistiqués, souvent via des vitres, reflètent l’enfermement des protagonistes dans les désillusions de tout un pays. 


Si le charme de La Barbe à papa doit beaucoup à l’alchimie entre le père et la fille O’Neal, il est davantage redevable au génie de Tatum O’Neal dont la frimousse insolente et le bagout sont capables de provoquer en même temps le rire et la tristesse. À ce jour, Tatum O’Neal détient non seulement le record de la plus jeune lauréate d’un Oscar, mais elle demeure surtout le cœur d’un film qui a fait de la recherche d’une tendresse paternelle un geste irrévérencieux. 


La Barbe à papa est disponible sur LaCinetek. 


RÉALISÉ PAR :  PETER BOGDANOVICH

AVEC :TATUM O'NEAL, RYAN O'NEAL

PAYS : ÉTATS-UNIS

DURÉE : 102 MINUTES


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