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Photo du rédacteurThibault Scohier

Le Jeu de la reine : Une reconstitution impressionnante et réfléchie

Aux échecs, la reine est la pièce la plus mobile et donc la plus puissante. Dans les règles du jeu, elle doit tout faire pour protéger son roi et faire tomber le souverain adverse. Imaginez maintenant une partie où le roi essaie de dévorer sa propre reine et où le but de celle-ci est de survivre le plus longtemps possible. C’est le principe du nouveau film de Karim Aïnouz.


Catherine Parr (Alicia Vikander) est une femme cultivée, écrivaine, partisane de la Réforme (mouvement hétéroclite visant à bousculer le dogme catholique) et aussi l’épouse du roi anglais Henri VIII (Jude Law). La sixième, car le roi aime survivre à ses épouses et plus encore les faire exécuter. Le Jeu de la reine oscille entre le tableau réaliste d’une Renaissance crépusculaire et la description gothique du destin de Catherine aux prises avec son ogre de mari. La reconstitution est soignée et le long-métrage évite de tomber dans la facilité du thriller historique. C’est une réflexion sur la nature du pouvoir et de la foi, autant que le portrait d’une femme brillante coincée dans une société patriarcale où la folie du roi se confond avec la loi.


Il est regrettable que le réalisateur brésilien Karim Aïnouz refuse de laisser son récit s’emballer, passant régulièrement à côté de la fresque existentielle que le film aurait pu être. Cela lui donne une certaine sècheresse, largement compensée par les interprétations de ses comédien⸱nes tous·tes brillant⸱es. Mention spéciale à Jude Law, méconnaissable, jouant parfaitement l’ignominie d’un roi qui, littéralement, pourrit. Qu’on soit captivé par l’atmosphère si particulière du long-métrage ou sa réinterprétation du rôle et de la place des femmes dans l’histoire, Le Jeu de la reine tend un miroir à notre société obsédée par le pouvoir. Et le reflet n’est pas beau à voir.



RÉALISÉ PAR : KARIM AÏNOUZ

AVEC : ALICIA VIKANDER, JUDE LAW, ERIN DOHERTY

PAYS : ROYAUME-UNI

DURÉE :  120 MINUTES


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