Le Mélange des genres : une comédie pro-féministe ?
- Adrien Corbeel
- il y a 4 jours
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Le pitch du film Le Mélange des genres laisse d'abord craindre le pire : une flic infiltrée chez des militantes féministes, un homme accusé d'un viol dont il est complètement innocent… Difficile d'imaginer autre chose qu'une comédie réac au possible, flirtant avec des idées bien nauséabondes. Mais le film de Michel Leclerc n'a de cesse d'étonner, traitant ses (nombreux) sujets avec autant d'idéalisme que de gaieté, de poésie que de maladresses.
Si le film rit effectivement du féminisme, c'est (presque) toujours avec affection et admiration. Dans la guerre des genres, la position de cette comédie française ne fait pas beaucoup de doute : « Je préfère perdre avec elles que gagner avec vous » déclare le personnage de Benjamin Lavernhe aux masculinistes venus l'embrigader. Homme au foyer doux comme un agneau, en perpétuel travail de déconstruction, il incarne en grande partie les valeurs dont Le Mélange des Genres se fait l'avocat. En le soumettant à la « cancel culture » et à une accusation mensongère, le film s'attache surtout à décrédibiliser certains mythes qui entourent ces problématiques. Et en accompagnant son personnage de policière (Léa Drucker) dans ses pérégrinations en milieu militant, la comédie entend surtout célébrer la sororité.
Avec maladresse ? Sans aucun doute. Joyeusement bordélique, le film prend un plaisir manifeste à multiplier les quiproquos et les mensonges énormes, quitte à retirer toute plausibilité à son intrigue. Dans cet amusant chaos, le politique se mêle au poétique (ou à la musique, comme en témoignent les interventions de Vincent Delerm), le vaudeville à la comédie de mœurs. Volontiers brouillon et introspectif, le film s'éparpille, tente des choses, ce qui le rend tantôt charmant, tantôt agaçant. Un long-métrage à l'image de son personnage masculin, plein de bonnes intentions, qu'on préférera qualifier de pro-féministe plutôt que de féministe.
Réalisé par Michel Leclerc (France, 103 minutes) avec Léa Drucker, Benjamin Lavernhe, Melha Bedia, Vincent Elbaz.