“« Ohana » signifie « famille ». Famille signifie que personne ne doit être abandonné.” Prononcés il y a 22 ans par une petite boule bleue venue de l'espace, ces mots résonnent encore aujourd'hui dans la carrière de Chris Sanders, réalisateur de Lilo et Stitch et Dragons (avec Dean DeBlois) et aux commandes de ce Robot Sauvage, dernier né des studios DreamWorks Animation. Dans cette aventure entre retour à la nature et futurisme aussi visuellement sublime que thématiquement terrifiant, la famille - dans tous ses travers comme dans toutes ses forces - reste la clé de la survie.
Sur l'île dépourvue d’humains où elle échoue suite aux aléas climatiques, le robot d'assistance Roz (Lupita Nyong'o en VO, Sarah Martins en VF) s'improvise parent d'adoption pour une jeune oie orpheline, saisissant à bras-le-corps sa nouvelle mission : permettre à l’oisillon chétif de prendre son envol et son indépendance malgré les embûches.
Construit – et verrouillé – autour de ce récit simple, ce Robot sauvage pêche par son rythme inégal. Tantôt trépidant et rappelant les envolées des précédentes œuvres du cinéaste, tantôt ralenti par des séquences forcées par ce scénario éculé d’accomplissement de soi, le film manque l’opportunité d’explorer en profondeur l’étendue de son univers. Mais des exclamations enfantines qui entouraient votre serviteur dans la salle, confirmés par des commentaires élogieux en sortie de séance, nul doute que ce Robot sauvage est à même de convaincre petits et grands enfants dans l’âme, jusqu’à arracher quelques larmes dans ses moments de grâce.
D’autant que, quelle que soit la tranche d’âge, on ne peut qu’être transporté par les environnements splendides du film, réminiscences des chefs-d’œuvre en matte painting du siècle passé. Si Le Robot sauvage, en bonne place pour l’Oscar du meilleur film d’animation cette année, fait date, ce sera sans aucun doute pour ses paysages et ses ambiances, une esthétique grandiose aux frontières de la peinture et du septième art.