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L'équipe de Surimpressions

Quatre traumatismes de jeunesse pour Halloween

Jurassic Park de Steven Spielberg (1993)

Jurassic Park, de Steven Spielberg
© Universal Pictures BE

À six ou sept ans, l'attrait de l'écran - cathodique à l'époque - est au moins aussi irrésistible que celui des dinosaures qui me fascinaient et me fascinent toujours aujourd'hui. Un combo qui m'a une nuit scotché à cette télévision grésillante, alors que je découvrais médusé Jurassic Park au beau milieu des États-Unis, chez le couple qui nous accueillait ma famille et moi pendant nos vacances.


Mais pas besoin de comprendre la langue de Shakespeare pour retenir son souffle lorsque sur le tableau de bord, le verre d'eau se met à trembler, et que des arbres émerge la terreur elle-même. Je n'ai que peu de souvenirs de mon enfance, mais je me souviens qu'après cette soirée, il nous fallait quitter la maison principale pour nous rendre dans le bungalow voisin où nous dormions. Et j'aurais juré que derrière chaque lampadaire qui perçait la nuit, derrière chaque branche ondulant ou grinçant au gré du vent, le Tyrannosaure de Steven Spielberg m'observait de son œil mauvais et impitoyable. J'aime toujours les dinosaures, j'aime toujours le cinéma. Et j'aime toujours ces frissons qui sont ceux que l'on perçoit lorsqu'un grand film nous fait questionner notre propre réalité jusque dans nos chairs. 


Le Cercle de Gore Verbinski (2002)

Le Cercle, de Gore Verbinski
©Dreamworks Pictures

On avait 11 ans et c’était le début de l’été. Comme toutes les fins juins, on fêtait l’anniversaire d’une amie. Cette fois-ci, pré-adolescence oblige, elle avait prévu qu’on regarderait un film d’horreur ensemble. C’était la première fois que j’en voyais un. La nuit tombée, on a lancé le DVD. Au début, on crânait. Le Cercle, c’est l’histoire d’une vidéo maudite : toute personne l’ayant regardée recevait un coup de fil et au bout du combiné, une voix murmurait “sept jours”. C’était une sentence. Au bout d’une semaine, les victimes étaient retrouvées mortes, défigurées par une petite fille aux cheveux mouillés lui cachant le visage. D’un côté, j’avais réellement envie de percer le mystère de la fillette ; de l’autre, j’avais très peur de m’être condamnée moi aussi en regardant la vidéo. À la fin de la projection, la sonnerie du téléphone a retenti dans le salon. Le père de notre amie avait prévu une petite mise en scène. De quoi me traumatiser à vie.


Le Village des Damnés de John Carpenter (1995)

Le Village des damnés, de John Carpenter
© Univers Pictures

Presque trois décennies après les faits, je reste surpris d’avoir vu à l’heure de la sortie des classes des extraits du Village des Damnés de John Carpenter. Attendant sagement quelques dessins animés du haut de mes 7 ans, je fus pris de court par un aperçu du film, diffusé le soir même. Une série d’images en particulier m’ont marqué : un enfant aux yeux rouges et aux cheveux gris, un conducteur perdant le contrôle de son véhicule, un baril d’essence transformé en fournaise. La nuit tombée, impossible de trouver le sommeil, hanté que j’étais par cette mort explosive, mais également par ces jeunes êtres menaçants. Comment se pouvait-il qu’un enfant de mon âge puisse être aussi dangereux et malveillant ?

Aujourd’hui, Le Village des Damnés compte à mes yeux parmi les moins bons films de John Carpenter. Mais les images de cette scène, amplifiées par mon esprit enfantin, déformées par les années, occupent toujours une place importante dans mon rapport au cinéma d’horreur. Le choc de l'inattendu, le trouble de l’interdit, le miroir transformé d’une réalité : les prémices de l’épouvante sont là. 


Starship Troopers de Paul Verhoeven (1997)

Starship Trooper, de Paul Verhoeven
© Tristar Pictures

Pool, Angleterre. Intérieur. Jour. 

C’est dans cette petite bourgade anglaise, dans une maison faite de briques (rouges) et de broc, que j’ai vécu à 11 ans mon premier choc cinématographique. Alors que les adultes festoyaient dans le salon familial, nous étions, mon frère, mon demi-frère et moi-même laissés sous la surveillance subtile du fils de nos hôtes. C’est dans ce cadre so british que j’allais faire la découverte du Starship Troopers de Paul Verhoeven.


Œuvre incomprise par la critique de l’époque qui la jugeait fasciste, ce film de guerre d’une société humaine futuriste contre des araignées extraterrestres de 15 pieds de haut, fut pour le hollandais violent un objet de confrontation avec les mœurs américaines : nudité dans une scène de douche collective, succion de cerveaux par une créature belliqueuse et décapitations… La rencontre de nos héros aux sourires Freedent, Johnny et Carmen, avec l’ennemi sur une planète inconnue, fut à l’origine d’une levée de boucliers moraux. Ce film désormais culte revêt pourtant une intelligence scénaristique et une créativité dans la mise en scène qui ont pour sûr fasciné le fan de 7e art en devenir que j’étais. À bonne école. 



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