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Rencontre avec Gints Zilbalodis, le réalisateur de Flow

Photo du rédacteur: Kévin GiraudKévin Giraud
© Le Parc Distribution
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Vous êtes dessinateur depuis votre enfance, comment êtes-vous devenu animateur professionnel ? 


Cela a fait partie d’un long parcours. Dès mon adolescence, j’ai réalisé plusieurs courts-métrages, certains ont été récompensés et cela m’a permis de gagner en notoriété et de récolter mes premiers financements. Au départ, je me dirigeais plutôt vers le dessin animé, mais je me suis rapidement rendu compte que mon niveau de dessin n’était pas aussi bon que ce que j'espérais. De plus, je voulais utiliser la caméra pour participer à la narration, et c’est pourquoi je me suis dirigé vers l’animation 3D. 


Qu’est-ce qui vous a poussé à raconter cette histoire ? 


D’une part, Flow est dans la continuité de mon court métrage Aqua, qui prenait déjà comme personnage un chat ayant peur de l’eau. Revenir sur ce projet à l’échelle d’un long-métrage m’a permis d’explorer en profondeur ce récit, de construire des relations avec de nouveaux personnages, et de partager une expérience plus large. Et c’est à travers cette réflexion que le film s’est construit petit à petit. D’autre part, je voulais proposer un film sur l’importance de réussir à dépasser ses peurs et limites, tout en proposant quelque chose d’honnête et complexe, sans réponses toutes faites.

© Le Parc Distribution
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Où avez-vous puisé vos inspirations pour cet univers?


Personnellement, il m’est impossible de citer une influence bien précise, je pense que c’est plutôt inconscient. Mais je suis un grand admirateur d’Hayao Miyazaki, et de sa capacité à proposer des scènes d’action très fortes avec des moments de tranquillité. Ce sont ces changements de ton et d’atmosphère qui rendent chaque émotion plus forte. Les cinéastes de prise de vues réelles comme Paul Thomas Anderson, Alfonso Cuarón ou avant eux Akira Kurosawa et Sergio Leone y parviennent également, et je sais que chacun d’entre eux a pu avoir une grande influence sur ma manière d’aborder la mise en scène, les décors, la pluie, le vent, et de nombreux éléments du film. 


Qu’est-ce que vous apporte l’animation par rapport au cinéma en prises de vues réelles?


J’ai fait quelques projets en prises de vues réelles, avec des acteurs ou plutôt des amis qui se sont retrouvés acteurs le temps d’un film. Mais je me suis très vite senti limité par le médium. L’animation, de par son caractère plus lent et plus réflexif, me correspond mieux. Cette technique me laisse le temps de prendre des décisions plus raisonnées, ou de faire des erreurs que je peux ensuite corriger ou conserver. Cette liberté et ce processus d’exploration me plaisent beaucoup, tout comme l’idée de travailler en équipe et de se nourrir des idées collectives, d’être inspiré par d’autres. L’animation a aussi la force d’être plus universelle, et de permettre aux émotions d’être ressenties par un plus grand nombre.

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Comment le film a-t-il évolué entre votre premier scénario et sa version finale ? 


Difficile de m’en souvenir, il y a eu tellement de versions différentes. En fait, j’écris de la manière suivante : d’abord quelques phrases, puis quelques paragraphes, ensuite quelques pages, et chaque version gagne en détails. C’est un peu comme si je déterrais le film petit à petit. Mais même lorsque le scénario a été terminé, le film a continué à évoluer au travers des différentes étapes de l’animatique, puis de la production. Par exemple, les statues de chat, les différents animaux et personnages, tout ceci a évolué lors de la production. Je n’ai plus lu le scénario depuis que celui-ci a été terminé. Pour la création de l’animatique, je me base uniquement sur mes souvenirs, et personne de l’équipe n’a réellement lu le scénario. 


Flow est une coproduction belge. En quoi la Belgique a-t-elle apporté son aide sur le film et comment avez-vous vécu cette collaboration? 


Flow est une coproduction entre la Lettonie, la France et la Belgique, et c’était une expérience très enrichissante. J’avais entendu de nombreuses histoires sur la difficulté des coproductions, mais nous avons eu au contraire une très bonne collaboration. L’animation des personnages ainsi que le travail sur le son ont été réalisés en France et en Belgique. En Lettonie, il y a de nombreux animateurs indépendants mais pas de vraie industrie, et c’est difficile de trouver des équipes habituées à travailler sur de grosses productions. Ouvrir cette coproduction nous a permis de collaborer avec énormément de talents, dont une bonne partie étaient assez jeunes et ont insufflé leur énergie au film.  Avec le succès de Flow, nous avons l’opportunité de collaborer avec de grands acteurs américains ou autres, mais j’apprécie beaucoup l’indépendance que nous offre l’Europe, et la possibilité de raconter ces histoires. 


Par rapport au futur, comment vous sentez-vous à l’idée d’aller au-delà d’un tel succès ?

 

Je suis très inspiré, et j’ai hâte de recommencer à travailler sur mon prochain projet, surtout après cette longue tournée de promotion du film. En tant que cinéaste, je ne peux travailler que sur un projet à la fois. Je n’avais aucune autre idée à l’époque. Je pense que cela s’est débloqué le jour de la première, soudain les idées ont recommencé à fuser. Je travaille actuellement sur un autre scénario, une histoire plus personnelle cette fois. En parallèle, nous renforçons également notre studio en Lettonie, et nous nous diversifions pour garantir sa stabilité entre les productions.


© Le Parc Distribution
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