En mai dernier sur la Croisette, Sandra Hüller défendait deux films en compétition : The Zone of Interest de Jonathan Glazer, et Anatomie d’une chute de Justine Triet. Le second est reparti avec la Palme d’or, sort cette semaine dans les salles belges – et on vous en parle ici. Rencontre express avec la comédienne allemande révélée à l’international en 2016 avec Toni Erdmann de Maren Ade.
Dans Anatomie d’une chute, votre personnage, Sandra, est soupçonnée d’avoir tué son mari. Pendant le tournage, comment avez-vous abordé le personnage avec Justine Triet ? Avez-vous discuté de son innocence, de ce qui s’est vraiment passé ?
Sandra Hüller : Pas entre nous, mais on s'attendait à ce que ça soit discuté ensuite bien sûr (par le public, NDLR). Évidemment, c’était important pour moi de comprendre mon personnage, mais par exemple, on n'a pas décidé si elle l'a fait ou pas. Justine refusait d’aller vers ça. Parce que ça nous préoccupait moins que ce qu'on suppose des gens sur base de leur comportement. Est-ce que quelqu’un est coupable car il ou elle est distante avec son enfant ? Parce qu’il ou elle a du succès ? Parce qu’elle a une sexualité "libérée" (le personnage est bisexuel, NDLR) ? Est-ce que c'est plus facile pour nous de les juger ? C’est tout ça qui était important – pas si elle a tué son mari.
Votre langue maternelle est l’allemand, mais vous parlez aussi l’anglais, et jouez dans des films français. Quelle a été votre préparation linguistique pour ce film ? Êtes-vous autant à l’aise en anglais et français qu’en allemand ?
En anglais, oui. En français…. je crois, et j'espère, parce qu’en tout cas c’est une langue que j'adore parler. Il y a tellement d’acteurs et d’actrices français que j'admire, et que j'adore voir jouer... Un jour, peut-être (rire) ! Bien sûr c'est une préparation supplémentaire que je n'aurais pas si le texte était en allemand. Tout comme l'approche, comprendre ce qu'elle dit, comment elle le dit, et être capable de le dire moi-même... C'est complètement différent que de préparer un rôle en allemand. Mais ce n’est pas inconfortable du tout. C'est aussi ce qui rend tout le processus très intéressant – y compris les conversations avec l'équipe. Justine parle l’anglais, mais elle n'est pas super à l'aise, et je parle le français, mais je ne pourrais pas avoir une conversation comme maintenant (elle s’exprime en anglais, NDLR). La barrière de la langue était parfois compliquée, mais c’est d’ailleurs aussi un des sujets du film.
Cet été, vous êtes à l’affiche de Sissi et moi, où vous incarnez la dernière dame de compagnie de l’impératrice. En général que recherchez-vous quand vous choisissez un rôle ?
Parfois c'est un endroit où j'ai envie d'aller, parfois c'est un cinéaste dont j'ai très envie de connaître le travail. Parfois c'est un collègue avec lequel j'ai envie de travailler, quelque chose que je veux apprendre - ou parfois c’est vraiment juste l'histoire du film... C'est très différent à chaque fois.
Question bonus : pensez-vous que Sandra dans Anatomie d’une chute dit toujours la vérité ?
Bien sûr qu'elle ment, et c'est d’ailleurs montré lors du procès. Mais hormis ces faits que l'on connaît, je pense qu'elle dit toujours la vérité.
Anatomie d’une chute de Justine Triet. Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Samuel Theis… En salles ce 30 août.