À l’occasion de la sortie de Here, retour sur trois œuvres représentatives du cinéma en dent-de-scie de son auteur.
La Mort vous va si bien (1992)
Tout juste sorti de la trilogie Retour vers le futur, Zemeckis ajoute une corde à son arc avec cette comédie délicieusement macabre où deux meilleures ennemies succombent à un élixir magique leur promettant une jeunesse éternelle. À partir de cette satire sur la peur de la vieillesse, le réalisateur offre à Meryl Streep, Goldie Hawn et Bruce Willis des rôles inhabituellement comiques et s’amuse à déformer les corps de ses actrices à l’aide d’animatroniques et d’effets numériques révolutionnaires. The Substance avant l’heure ? N'exagérons rien, mais 32 ans après, La Mort vous va si bien agit toujours comme un petit bonbon corrosif et cartoonesque. Hautement recommandable.
La Légende de Beowulf (2007)
Après un premier essai plus ou moins concluant avec Le Pôle Express, Robert Zemeckis continue ses expérimentations autour de la performance capture avec l’adaptation de l’influent poème anglo-saxon Beowulf. Résolument plus adulte, cette nouvelle incursion dans l’animation permet au réalisateur de calquer le thème récurrent de sa filmographie (le temps) dans un récit d’heroic fantasy grotesque et violent sur fond de pacte faustien. En résulte un étrange objet tirant ses forces et ses faiblesses de son procédé numérique. Extrêmement chères à produire (150 millions de dollars de budget), le film a choisi l’audace de la forme et de la narration, quitte à s’écraser contre le mur assassin du box-office.
Flight (2012)
Pour son retour au cinéma en prise de vues réelles, Robert Zemeckis embarque Denzel Washington dans l’un de ses meilleurs rôles, avec ce drame mêlant catastrophe aérienne, alcoolisme et quête de la foi. D’un côté, la mise en scène impressionne dès le départ avec une ahurissante scène de crash filmée quasi intégralement depuis le cockpit (et qui devraient inciter certains à réduire leur empreinte carbone). De l’autre, Zemeckis semble avoir tellement poussé les potards dans son introduction qu’il déroule le reste de son récit de manière attendue et pachydermique, pour terminer sur une fin moralisatrice qui rebutera les moins catholiques d’entre nous. On s’agace autant que l’on y prend du plaisir, et c’est déjà pas mal.